Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/245

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Si peu agréable que dût être ce voyage de trente milles, sur le fleuve sacré, en compagnie d’un moribond, j’avais accepté assez volontiers cette corvée qui allait me faire trouver pendant quelques instants auprès de compatriotes. Nous louâmes un large bateau, à l’arrière duquel nous fîmes dresser un lit et une tente couverte de nattes, et un matin, avant le lever du soleil, nous nous préparâmes à partir.

J’étais dans la dunette où je recevais les dernières instructions de sir John, qui me recommandait de ne pas oublier des armes, quoiqu’il ne crût pas vraiment à un danger sérieux pour moi dans cette courte expédition, lorsque mon domestique, une espèce d’indien musulman qui répondait au nom de Soumdi, — quand il répondait, ce qui était assez rare, vu sa paresse, — et qui n’était à mon service que depuis une quinzaine de jours, vint me prévenir qu’une embarcation de M. Walmore, le banquier de sir John, allait accoster.

Sachant que je devais partir pour Chandernagor, il le priait de me faire prendre, en passant à Serampour, 3, 000 piastres chez M. d’Almeïda, son correspondant dans l’ancienne colonie danoise, et il m’envoyait une lettre pour ce négociant.

Je pris la lettre, et, conduit jusqu’au bas de l’escalier de commandement par le contrebandier qui semblait ne pas vouloir me laisser partir, je m’installai auprès du malade, puis je donnai l’ordre de