Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/289

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les courses impossibles que mon infatigable compagnon me faisait faire dans les forêts, de la pointe Karawang au cap Intramayo, les jours de chasse ! — nous les passions au Cercle de la Concorde dont Canon était membre. Il avait là beaucoup d’amis, qui tous l’aimaient comme on ne pouvait s’empêcher d’aimer cette bonne et franche nature.

Cependant nous dûmes, après une station d’un mois à Batavia, nous décider à les quitter. Quelques-uns d’entre eux vinrent nous reconduire à bord du Fire-Fly, où nous fûmes reçus par les acclamations de Morton, et, un beau matin que la brise de terre parfumait la rade, le contrebandier déploya ses ailes de lin pour prendre son essor sur les flots bleus de la mer de Java.

C’était naturellement Canon qui commandait la manœuvre au moment de l’appareillage. Je fus tout étonné de lui entendre donner la route au nord dès que nous eûmes doublé la pointe Karàwang.

— Je croyais, lui dis-je, aussitôt que le Fire-Fly fut convenablement orienté pour continuer sa route dans cette direction, que nous allions courir un peu à l’est pour visiter Madura et Bali, avant de remonter vers les détroits.

— Je ne vous ai donc pas raconté mon histoire avec le radjah Moura-Singh, un petit souverain fort puissant dont les états touchent Passier, le seul port de la petite Java ?

— Pas le moins du monde.