Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/331

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En vingt coups d’aviron, je franchis la distance qui le séparait de la petite maison rouge.

Je trouvai à un débarcadère en pierre, lance à la main, arc en bandoulière, chapeau pointu sur la tête, et au nez duquel j’eus bien de la peine à ne pas éclater de rire, un grotesque soldat chinois qui, gravement, me fit monter quelques marches et m’introduisit dans une petite salle où se trouvait le gros homme jaune en question.

C’était le premier personnage chinois devant lequel j’avais l’honneur de me présenter ; j’eus bon besoin de la provision de gravité que j’avais faite, pour ne pas compromettre mes fonctions d’ambassadeur de sir John.

Très-poliment, du reste, il se leva à mon entrée, et, laissant sa petite pipe de cuivre, s’avança vers moi.

Imaginez-vous un gros corps informe revêtu d’une tunique de soie jaune boutonnant sur le côté, tenu en équilibre sur deux petites jambes englouties dans un large pantalon bleu, avançant sur des pieds chaussés de babouches avec des semelles d’un pouce d’épaisseur, et surmonté d’une petite tête coiffée d’un de ces chapeaux en feutre dont l’élasticité permet aux propriétaires de leur faire prendre toutes les formes.

Ajoutez à ce portrait général quelques détails : deux petits yeux brillants, à l’abri derrière un splendide pince-nez, des lèvres minces et pincées, une