Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/337

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l’intérieur, une petite embarcation pour conduire son propriétaire à bord des navires, mais ni portes ni fenêtres ne donnaient sur la rade. À l’extrémité nord du village, tenus au rivage par de fortes cordes, de grands bateaux surmontés de toits et des tentes renfermaient toute la population intéressante des blanchisseuses. À l’extrémité opposée, s’élevait un grand bâtiment de la plus misérable tournure qui pouvait bien être un temple.

Çà et là, le long du rivage, du côté du village, se balançaient sur les flots des constructions bizarres qui n’étaient ni des navires ni des maisons, ou plutôt qui étaient, en même temps, ces deux choses. J’appris que ces objets flottants étaient tout simplement des maisons de commerce.

Imaginez-vous des navires rasés, sur le pont desquels ont été construits des magasins, avec leurs rayons, leurs comptoirs, tout leur attirail de vente, enfin. De la porte d’entrée, — au-dessus de laquelle est écrit : Roberson and C° ship, candlers ; Morrisson, boot-maker ; ou Peterson, tailor, — partent des escaliers qui conduisent aux embarcations des acheteurs ; puis tout autour du bateau-magasin brillent de petits pierriers qui imposent aux Chinois ce saint respect de la propriété qu’ils possèdent si peu. Le capitaine-propriétaire-marchand, bottier ou tailleur, peut ainsi, à sa volonté, grâce à cette invention tout anglaise, transporter ses pénates et son établissement en lieu de sûreté. Il ne s’agit pour cela que