Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/376

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Nous fûmes bientôt auprès du camp qu’un fossé et un rideau d’arbustes entouraient, et dans lequel une foule innombrable allait et venait avec un sans-gêne et un désordre qui n’avaient rien de militaire. De petites lentes, pouvant donner asile à deux ou trois hommes, s’élevaient le long du fossé. Je m’étonnais qu’à pareille heure le silence n’y régnât pas, lorsque des bruits épouvantables de gongs, de cymbales, de ta-tongs, de sam-sious nous apprirent qu’un grand personnage arrivait. C’était le commissaire Lin, lui-même, qui venait faire une revue de nuit des troupes qu’il comptait opposer à l’armée des rebelles.

L’attention de chacun était si complètement absorbée par ce singulier spectacle d’une inspection aux lanternes, que nous pûmes nous glisser au milieu des soldats, qui, au lieu de nous faire mauvais visage, semblaient au contraire nous montrer avec orgueil leurs grotesques accoutrements. Un d’eux tira de son fourreau, — qu’il portait la pointe en avant, ainsi que cela se fait pendant la guerre, — une lame rouillée qui n’en put sortir qu’avec peine, et qui me donna la mesure de l’état dans lequel devaient se trouver les armes des guerriers du Céleste-Empire. Ils étaient presque tous habillés de tuniques bleues bordées de rouge, et portaient sur la poitrine des dessins bizarres de serpents et de dragons.

À l’extrémité du camp, s’élevaient de grandes et imposantes constructions dont je m’approchai. Elles étaient en toile et en carton badigeonnés de façon à