Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après une première décharge, souvent il ne reste plus personne sur le lieu du combat. Toute leur tactique est dans la démonstration et dans la frayeur qu’ils s’efforcent d’inspirer à leurs adversaires. Aussi, les batailles entre Chinois ne sont pas meurtrières. Il est rare que les fusils soient chargés plus de deux fois. Ce que l’on rencontre sur le champ de bataille, ce ne sont pas des cadavres, mais des armes jetées bien vite à terre pour permettre à leurs propriétaires de fuir plus rapidement.

Les mandarins officiers montrent cependant souvent du courage. Il arrive fréquemment qu’un chef de corps, dont les soldats viennent de se débander, échappe à l’ennemi par le suicide plutôt que de s’enfuir.

Quant à l’artillerie et à la cavalerie, je n’en vis pas les moindres traces.

Notre promenade s’était jusqu’alors accomplie le plus tranquillement du monde, et nous devions espérer que tout se terminerait à notre satisfaction, lorsque nous nous aperçûmes tout à coup que nous étions suivis. Fo-hop attrapait çà et là au vol, sur notre passage, des paroles prononcées à voix basse qui étaient pour nous du plus mauvais augure. Nous songeâmes alors à battre prudemment en retraite. Sans avoir l’air de fuir cependant, nous nous dirigeâmes vers une des portes latérales du camp ; puis, au moment où s’y attendaient le moins les Chinois qui nous surveillaient, nous franchîmes d’un bond le fossé, et, criant à Fo-hop de nous rejoindre à la