Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/388

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cœur, elles se décidèrent à reprendre leurs places sur les coussins et leurs pipes de cuivre. Nous parlementâmes alors par l’organe de Fo-hop, qui plaida si bien notre cause que, cinq minutes après, sir John put recommencer ses effets de favoris et de regards séducteurs.

Je viens d’appeler « petites masses multicolores » les deux femmes qui occupaient le premier étage du bateau de fleurs, et cela peut sembler peu galant, mais toute autre expression serait impropre à rendre ma pensée.

Imaginez-vous deux petites femmes toutes rondelettes, roses, noires et blanches, comme si elles s’étaient débarbouillées avec la palette de Watteau, et plâtrées comme des tableaux de Diaz. On eût dit des pastels vivants.

Je n’ai jamais assisté à la toilette d’une courtisane chinoise, ou si cela est, si intimement que nous causions ensemble, je ne puis vraiment vous l’avouer, mais je suis convaincu que le maquillage, — mille pardons de me servir de cette expression du monde interlope, je n’en connais pas d’autre pour bien rendre la chose, — je suis convaincu, dis-je, que le maquillage d’une Chinoise doit employer plusieurs heures. Il est évident pour moi que l’artiste chargé de cette œuvre d’art, — car il est impossible qu’une femme opère elle-même sur son propre visage, — procède par une première couche blanche qui est le fond du tableau. Sur cette première couche, il dessine des yeux en les prolongeant le plus possible