Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/57

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Nous l’aperçûmes accroupi sur le bord du petit lac qui occupe le milieu du plateau, faisant ses ablutions, marmottant des versets en pâli, se mettant enfin en état de grâce pour paraître devant Bouddah. Nous, chrétiens auxquels ces préparatifs ne semblaient pas nécessaires, nous dirigeant directement vers la pagode, nous entrâmes sous une misérable construction, faite de quelques roches et de quelques poutres, et ne se composant guère que d’une toiture à demi-détruite par le temps et par les ouragans. Nous étions enfin en présence de cet objet si curieux de la vénération des Bouddhistes, nous avions devant nous l’empreinte sacrée que le Dieu laissa sur la terre, lorsque de son pied il frappa le sol pour s’élever vers Brahma.

En effet, dans une grande pierre noire horizontalement placée, mais inclinée un peu vers l’Orient, je vis une empreinte profonde affectant assez bien la forme d’un pied gigantesque, dont la grandeur, en suivant les lois générales des proportions humaines, permet d’accorder à Bouddah une taille de plus de dix mètres, ce qui me semble raisonnable, même pour un Dieu. La place des doigts surtout est parfaitement indiquée. On dirait, si l’on se laissait entraîner par la foi bouddhique, que le Dieu, en quittant la terre, a voulu prendre vigoureusement son élan vers le ciel.

Les dévotions du Boudhiste menaçaient de se prolonger indéfiniment, et la chaleur du soleil, des