Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/66

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oublier toutes nos fatigues passées pour ne songer qu’à l’expédition du lendemain.

Vous savez qu’une chasse à l’éléphant était depuis longtemps le rêve de sir John, aussi ne parla-t-il guère d’autre chose pendant tout le repas. J’écoutai patiemment tout ce qu’il voulut dire, en me vengeant sur certaine cuisse de chevreuil admirablement apprêtée, dont mon palais a gardé dévotement la mémoire.

Le soir, nous prîmes avec notre hôte d’excellent café qui ne me fit pas regretter celui de Tortoni, et, seulement lorsque la nuit fut venue, nous rentrâmes dans notre appartement, sur un des lits duquel je m’étendis bien vite, en laissant mon intrépide compagnon à ses préparatifs de chasse.

Je suis sûr que, malgré son flegme, sir John ne dormit pas, ou ne dormit que d’un œil, car, avant le lever du soleil, sa grosse voix me réveillait en me traitant de paresseux. Ma paresse, puisque la chose doit être appelée par son nom, envoya bien un peu à tous les diables l’ami de son esclave, mais ma curiosité ranima mon courage. Je sautai en bas du meilleur lit que j’eusse eu à ma disposition depuis mon départ de France, pour ne pas faire attendre trop longtemps l’impatient chasseur.

Nous étions à peine habillés, que le Khansaman nous prévenait que nos hommes étaient prêts et n’attendaient plus que nos ordres. Nous trouvâmes, en effet, dans la cour, quinze ou vingt péons de Sonda