Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/71

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est vrai que j’entendais le malheureux trembler de frayeur derrière moi.

Quant à sir John, le fusil à l’épaule, son bon gros sourire de satisfaction sur les lèvres, il attendait patiemment et avec calme, se promettant sans nul doute de faire un bon choix dans le troupeau et de ne tirer que sur le plus gros. J’étais bien décidé, moi, au contraire, à me contenter d’un jeune. Je trouvais cela fort joli pour la première fois. Je m’efforçais aussi, malgré mon émotion, de bien me souvenir de toutes les recommandations qui nous avaient été faites par le vieux chasseur chingulais.

« L’éléphant, nous avait-il dit, même pour une balle de fort calibre, n’est vulnérable qu’à la tête ; le mieux est de le viser au front, à l’œil, ou, lorsqu’il présente les flancs, à l’oreille. Une blessure dans toute autre partie du corps le rend furieux, et souvent il fond sur son ennemi contre lequel sa trompe devient alors une arme terrible. »

« Dans ce cas, avait-il ajouté, c’est avec le plus grand calme seulement qu’on peut échapper à son attaque. La masse énorme qu’il doit remuer et la force avec laquelle il prend son élan, ne le laissant pas maître de ses mouvements, un simple bond de côté suffit pour l’éviter. L’éléphant, si en colère qu’il soit, ne revient jamais plus d’une ou deux fois sur l’homme qui lui échappe ainsi. »

C’était donc en me rappelant de mon mieux tous