Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/73

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— Parfait ! parfait ! s’écria Canon quittant son poste, et enlevant au hasard tout l’honneur de mon coup de fusil pour en faire généreusement cadeau à mon adresse, mais à quoi donc pensiez-vous ? J’ai cru que vous ne feriez pas feu ?

— Je pensais, cher ami, répondis-je en franchissant l’espace qui nous séparait de nos trois victimes, que si j’avais été à la place d’un certain philosophe auquel son amphitryon présenta tout à coup un éléphant, j’aurais certainement perdu l’appétit.

— Ah, bah !

— Comme j’ai le regret de vous le dire.

L’intrépide chasseur, en écoutant mon aveu, ne me cacha pas une grimace qui me disait clairement toute la différence qui existait, dans son opinion, entre le courage du philosophe en question et le mien.

Nos hommes, en entendant les détonations, et surtout en voyant les éléphants disparaître dans les jungles, s’étaient mis à courir et à descendre, des arbres. Ils furent bientôt près de nous. Ils se préparaient à couper les défenses des vaincus, dont le plus gros avait nécessité un coup de ma seconde carabine pour l’achever, quand un grand bruit, venant de l’étang, nous fit retourner.

C’était un éléphant de la plus haute taille qui, resté en arrière, ou plus brave que ses compagnons, se précipitait de notre côté.

Ce fut un hurrah d’effroi parmi les Indiens. En