Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/107

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vidu, qui s’en allait un peu en avant et sur le trottoir opposé.

C’était maître Picot, que l’œil perspicace de l’Américain avait aisément retrouvé sous ce nouveau déguisement.

— Décidément, ce pauvre diable y tient ! pensa-t-il ; son insuccès de la nuit dernière ne l’a pas découragé. Je le plains fort : il n’aura même pas aujourd’hui quelque bonne promesse à faire à son chef.

William Dow, en effet, rentra tout tranquillement chez lui, puis en ressortit pour passer sa soirée le plus bourgeoisement du monde, sans même se demander un instant si l’agent de la sûreté le filait ou ne le filait pas.

Picot était désespéré, car le matin de ce jour-là, lorsqu’il était venu raconter à M. Meslin comment il avait inutilement passé la nuit à Versailles, le commissaire de police l’avait assez mal traité.

— Vous avez été joué, mon garçon, lui avait-il dit. Pas plus que moi, notre personnage n’avait de rendez-vous à Versailles. S’il vous y a envoyé, c’est qu’il était nécessaire qu’il se débarrassât de votre surveillance. Il est plus fort que vous !

Profondément humilié, l’espion avait juré de se venger, dût-il ne pas dormir s’il le fallait, pen-