Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/176

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à la robe de sa gardienne pour l’empêcher de s’éloigner.

Profondément émue de ce désespoir, comprenant sans doute aussi qu’elle n’avait pas affaire à une prisonnière comme elle en recevait tant chaque jour, la sœur releva Marguerite et trouva de si bonnes paroles qu’au bout de quelques instants, après avoir apaisé la soif de son enfant, la jeune mère s’étendit résignée sur le lit que la seconde religieuse avait garni de draps de grosse toile grise.

Le grabat était bien étroit, mais Marguerite avait conservé sa fille couchée en travers sur poitrine, et lorsqu’elle entendit la porte de sa cellule se refermer, lorsqu’elle se vit dans l’obscurité, si elle ne se releva pas brusquement folle de terreur, si elle ne poussa pas un cri de désespoir, ce fut pour ne pas réveiller son enfant, qui s’était promptement endormie.

Quant à l’infortunée, elle conservait les yeux grands ouverts, s’efforçant de percer les ténèbres que son imagination peuplait de mille fantômes.

Il lui semblait que la voix sévère du juge d’instruction allait de nouveau se faire entendre ; elle sentait toujours peser sur elle ses regards interrogateurs ; elle revoyait son père ensanglanté qui lui apparaissait pour la maudire.