Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/183

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filles : une robe, un bijou, un voyage à Paris ou sur les bords du Rhin.

C’est que la tristesse de Marguerite tenait à des causes ignorées de ses plus intimes, de ceux qui, la voyant chaque jour, étaient constamment témoins des mille preuves de tendresse de l’ancien négociant pour son enfant.

Ils ne comprenaient pas que c’était de cette tendresse même dont la jeune fille souffrait comme du plus cruel martyre.

Que nos lecteurs se rassurent. Il ne s’agit ici d’aucune passion honteuse, que notre plume ne saurait peindre, d’aucun de ces récits malsains qui conduisent si rapidement un livre à sa dixième édition. Nous ne voulons pas du succès qu’on obtient aisément à ce prix. Une rapide esquisse du caractère de M. Rumigny suffira pour nous faire comprendre et tout expliquer.

M. Rumigny n’était certes pas un méchant homme ; peut-être, au contraire, était-il né complètement bon, mais l’incessante réussite qu’il avait eue dans ses affaires, l’admiration dont il avait toujours été l’objet de la part de sa femme, pauvre créature simple et naïve qui était morte en adorant son mari après avoir été l’esclave de ses caprices ; la timidité de sa fille, l’indulgence de ses amis, et surtout une incommensurable vanité ;