Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fortune. De là à la désirer et à former le projet de l’épouser, il n’y avait qu’un pas.

Adolphe Morin n’avait pas deviné dans sa cousine la jeune fille sacrifiée à l’égoïsme paternel, malheureuse, aspirant au bonheur, comme c’est le droit de toute créature humaine ; il n’avait vu que la femme et l’argent, c’est-à-dire la satisfaction de ses deux appétits : l’amour brutal et l’avarice.

Il avait alors dressé son plan de campagne et s’était fait un ami dans la place en se rapprochant de son oncle, en flattant ses goûts, surtout en ne se présentant pas comme un amoureux, car il savait l’horreur de M. Rumigny pour tout ce qui ressemblait, de près ou de loin, à un futur gendre.

Mais comme il avait été forcé, pour jouer son rôle, de rendre ses visites de plus en plus fréquentes, il s’était trouvé presque chaque jour avec Marguerite, et son amour, simple calcul d’abord, s’était rapidement transformé en véritable passion, en un de ces désirs dominateurs qui prennent à la fois le cœur, les sens et l’esprit.

Il avait lutté aussi longtemps que possible, et si adroitement, avec toutes les ressources de sa nature hypocrite, que Mlle  Rumigny ne s’était aperçue de rien ; puis un beau matin, à bout de