Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/197

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— Oui, elle m’a refusé, répondit Adolphe Morin.

— Ça n’est pas possible ! J’ai cependant bien plaidé ta cause.

M. Rumigny avait lancé cette double exclamation avec un tel accent d’étonnement et de vérité que, si son interlocuteur avait eu quelques doutes sur sa sincérité, ils eussent immédiatement disparu.

— Elle m’a refusé, répéta-t-il, très-nettement. Ah ! elle a au moins le mérite de la franchise.

— A-t-elle dit pourquoi ?

— Elle ne veut pas se marier.

— Les jeunes filles disent toujours ça.

— Vous comprenez, mon cher oncle, qu’après un semblable échec, me voilà forcé de venir vous voir moins souvent.

— Tu auras tort. Je te l’ai dit : je ne contraindrai jamais Marguerite, car je ne veux que son bonheur, mais il ne faut pas déserter ainsi la place. Qui sait ? les fillettes, ça change si souvent d’idées ! Dans un mois, c’est elle peut-être qui courra après toi !

Si flatteuse que fût cette perspective, M. Morin, malgré toute sa vanité, ne l’accepta qu’en hochant la tête, et lorsqu’il s’éloigna, quelques instants