Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/203

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toujours digne de votre bienveillant intérêt, je ne vous en aurai que plus de reconnaissance.

— Pouvez-vous en douter ? protesta M. Rumigny, qui n’aimait pas beaucoup à se taire.

— Eh bien ! monsieur, vous avez devant vous un malheureux exilé politique ; il est probable, qu’en ce moment même où je vous parle, la cour criminelle de Naples me condamne par contumace aux travaux forcés.

Le bonhomme fit un soubresaut sur son siége.

— Oh ! que cela ne vous effraie ni ne vous étonne, poursuivit en souriant amèrement l’élève d’Alberti ; ces choses-là arrivent aux plus honnêtes gens sous le règne de notre bon roi Ferdinand. Le déshonneur heureusement n’accompagne pas la peine. Notre souverain envoie au bagne ses plus grands gentilshommes, et lorsqu’il veut bien les gracier, ces messieurs rentrent dans le monde comme s’ils revenaient de la campagne. Pour nous autres gens de peu, la colère royale dure plus longtemps et a des conséquences autrement graves. J’ai préféré ne pas l’affronter. Mêlé à une de ces conspirations que les abus font permanentes dans notre pauvre pays, j’ai été prévenu à temps par Alberti que tout était découvert et que j’allais être arrêté. Je me suis hâté de fuir pour me réfugier en France, dont le gouverne-