Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/220

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C’est que je suis si malheureux ! Tu ne l’aimes pas, cet homme, ce n’est pas possible ! Tu ne voudrais pas quitter ton pauvre vieux père, dont tu es toute la joie, tout l’orgueil, pour suivre un étranger. Il a surpris ton cœur ! Qui pourrait t’adorer comme moi ? Est-ce que je te refuse jamais quelque chose ? N’es-tu pas ici la maîtresse absolue ! Réponds-moi, ma petite Margot ; dis-moi que tu me pardonnes. Tiens ! si tu veux, nous partirons demain pour Paris. De là, nous irons où tu voudras : en Italie ; non, pas en Italie ! mais en Allemagne, en Suisse ! Tu verras comme tu seras heureuse !

Et le père égoïste embrassait sa fille en lui souriant.

C’était tout à la fois odieux et ridicule.

Marguerite ne rependait pas ; les larmes coulaient silencieusement de ses yeux.

— C’est entendu, n’est-ce pas, reprit le vieillard en se relevant, tu n’y penseras plus, tu me le promets ?

— Mon père, murmura la malheureuse enfant, lorsque mon cousin vous a demandé ma main, vous m’avez dit à moi-même que vous me laissiez libre du choix de mon mari.

— Oui, c’est possible ! Tu sais, on dit ces choses-là sans penser qu’un jour ce malheur peut arriver.