Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/225

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odieuse. Il ne voyait que sa victoire. Lorsqu’il aperçut Marguerite, à demi morte dans un fauteuil, il n’eut pas même un mot de pitié pour elle.

Égoïste et lâche devant les douleurs d’autrui, il la confia à la femme de chambre qui était descendue, et prenant le bras de son neveu, dont l’âme vile et basse débordait de joie, il s’en fut bien vite dans son jardin, au grand air, pour combattre l’apoplexie qui le menaçait.

Quant à la malheureuse enfant, elle arriva dans sa chambre en proie au plus profond désespoir. Si peu d’expérience qu’elle eût, elle comprenait que Balterini ne pardonnerait jamais à son père, qu’il voudrait se venger, que son honneur le lui commandait, et qu’elle était alors séparée de lui pour toujours.

Ce n’était pas tout encore : elle se souvenait que M. Rumigny avait menacé l’Italien de le dénoncer, et les remords les plus cruels la torturaient, car elle voyait déjà Robert payant son amour de sa liberté, peut-être même de sa vie.

— C’est moi qui l’aurai perdu ! murmurait-elle en sanglotant.

Soudain ses larmes s’arrêtèrent, sa physionomie prit une expression d’étrange résolution, et après avoir tracé fiévreusement quelques lignes, elle