Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/134

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pour la plaignante, qu’ils savaient adorablement jolie ; les autres pour son mari, qui semblait un assez bon homme, et dont la persistance à vouloir garder sa femme était chose louable, au fond.

Pour ne pas être reconnus par MM. de Tiessant et Noblet, le docteur et Ronçay étaient sortis des premiers. Un quart d’heure après, ils rentraient rue d’Assas, où Me  Mansart arriva bientôt à son tour pour rendre compte à Mme  Bertin et à sa nièce de ce qui s’était passé au Palais.

Le vieil avocat se garda bien de rapporter à son intéressante cliente les épigrammes que son confrère avait lancées contre elle ; il se contenta de la mettre au courant de l’affaire, en lui affirmant qu’il avait tout espoir de succès, et il la laissa convaincue — peut-être l’était-il lui-même — que dans quinze jours elle aurait recouvré la liberté.

Raymond Bernel, lui, ne partageait pas cette opinion, et comme il voulait aller au devant d’une déception cruelle pour son ami, il le lui dit franchement, estimant qu’il était préférable de prévenir le mal plutôt que d’avoir un jour à le guérir.

— Alors, s’écria Gilbert, réellement épouvanté, tu penses que les magistrats seront assez aveugles, assez injustes, assez impitoyables pour rendre cette malheureuse enfant à l’homme qui l’a achetée et qu’elle hait ?

— Mon cher ami, les tribunaux ne jugent pas avec les sentiments, ils laissent cela aux jurys pour qu’ils fassent des sottises ; ils appliquent, eux, tout simple-