Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/176

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Les choses ainsi réglées, Mme de Tiessant renvoya sa parente, qui devait venir la voir tous les jours, puisqu’elle s’était engagée, elle, à ne plus aller jamais rue d’Assas, et ce soir-là, pour la première fois depuis longtemps, elle s’endormit sans verser des larmes.

Il lui semblait que, dans cette maison, où régnaient le calme et la confiance en Dieu, elle retrouvait déjà l’espoir d’un avenir moins sombre que celui qui, quelques heures auparavant, la menaçait.

Le lendemain, comme si cet espoir commençait à se réaliser, Mme Bertin accourut avec Me Mansart pour donner à sa nièce une nouvelle des plus importantes : M. Noblet avait retiré sa plainte en adultère, ou du moins il en avait modifié la forme. Abandonnant son premier projet de traduire sa femme en police correctionnelle, il ne réclamait plus de la justice qu’une séparation de corps à son profit.

Sa demande était basée sur les outrages successifs dont il avait été l’objet, d’abord par le fait même de l’action en nullité de mariage introduite contre lui, action qui avait fourni au défenseur de sa femme l’occasion de le calomnier indignement, à l’instigation de sa cliente, ce n’était pas douteux ; ensuite sur le refus de celle-ci de réintégrer le domicile conjugal, et enfin sur les relations coupables qu’elle avait avec M. Ronçay, puisque c’était chez cet homme, sur son lit, qu’elle avait été découverte, ainsi que le constatait le procès-verbal de M. le commissaire de police Garnier.