Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIV


Mme  Daltès ne se dissimulait pas quelle grosse partie elle engageait en allant reprendre en Italie le répertoire d’Aimée Desclée. La grande artiste à qui Paris, dans son attachement à ses vieilles idoles, fit attendre si longtemps la gloire avait laissé à Florence, à Naples, à Rome, dans toutes les villes où elle s’était montrée, des souvenirs impérissables que sa fin récente et si douloureuse ravivait encore. Il y avait donc lieu de craindre, pour celle qui acceptait sa succession, des comparaisons dangereuses.

Mais, nous le savons, Éva était une vaillante. Loin de l’abattre, la perspective de la lutte doublait son énergie. D’ailleurs, n’ayant pas la prétention d’égaler Desclée, elle ne songeait pas à tâcher de l’imiter. Elle était décidée, au contraire, à rester elle-même, à jouer avec son tempérament propre et à rendre, comme elle les comprenait, les héroïnes qu’elle devait représenter.