Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment où elle venait d’entrer au théâtre, dans l’après-midi, pour répéter la Princesse Georges, une de ces névralgies fut aussitôt suivie d’une sensation si pénible dans l’épaule gauche qu’elle jeta un cri. Elle ne pouvait se servir de son bras. Après avoir lutté pendant près d’un quart d’heure, elle dut retourner chez elle, où ses douleurs prirent bientôt une telle acuité qu’on courut chercher le docteur Tavini, l’un des praticiens les plus habiles de Rome.

Lorsqu’il arriva près de la jeune femme, elle se tordait dans d’horribles souffrances. Elle eut cependant la présence d’esprit de lui mettre sous les yeux l’ordonnance de son confrère de Florence, dont elle s’était tout à coup souvenue, et M. Tavini, qui avait la plus entière confiance dans le savoir de M. Pagani, se rangea sans doute à son opinion, après un seul moment d’examen, car il dit à Éva :

— Je crois, en effet, que la morphine vous soulagera beaucoup. Ne vous effrayez pas, il ne s’agit que d’une piqûre que vous sentirez à peine.

— Oh ! faites de moi ce que vous voudrez, docteur, répondit Mlle de Tiessant d’une voix étranglée. Je souffre le martyre.

Jeanne, qui suivait avec intelligence ce qui se passait, présenta au médecin la fiole de morphine et le petit instrument qu’elle avait sorti du coffret à bijoux en même temps que l’ordonnance. Après avoir vissé au tube de cristal une des aiguilles creuses que renfermait l’écrin, M. Tavini le remplit de la solution, et rapidement, avant même, en quelque sorte,