Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/295

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scène en courant et y était littéralement acclamée.

Jamais la salle Rossini n’avait eu semblable public.

La belle et spirituelle princesse Marguerite occupait l’avant-scène de droite. On reconnaissait dans les loges les femmes les plus distinguées de la haute aristocratie romaine, ainsi que les représentants des cours étrangères, le ministre de France, Mis de Noailles ; l’ambassadeur d’Angleterre, sir Auguste Paget ; les chargés d’affaires de Belgique, de Hollande, de Portugal, et, à l’orchestre, des attachés d’ambassade, des pensionnaires de la villa Médicis, les plus célèbres des artistes des théâtres de Rome, enfin tout un auditoire enthousiaste, rempli d’admiration, non plus seulement pour le talent de la Daltès, mais aussi pour son courage, car on savait que les médecins l’avaient à peu près condamnée, et que c’était au bénéfice des pauvres qu’elle jouait, pour la dernière fois de sa vie peut-être.

Aussi la soirée ne fut-elle qu’un long succès pour Éva, mais elle dut faire usage de la morphine plusieurs fois, car, par moments, ses souffrances menaçaient de devenir si fortes qu’elle eût été obligée d’interrompre la représentation, et ce succès se transforma en une véritable ovation quand, à la dernière scène du drame, elle entra, pâle, la voix pleine de larmes et un sourire de reconnaissance aux lèvres, pour murmurer ces mots, qui s’appliquaient si cruellement à elle :

— Chez moi, chez moi !

La salle entière s’était levée, l’intérêt était peint