Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/335

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condamnée ! Enfin, que veux-tu ? Parle, explique-toi franchement.

— Tu dois quitter cette maison, te séparer de l’homme qui l’habite avec toi, aller chercher le repos de la conscience dans quelque pieux asile, pour y vivre en paix avec toi-même, jusqu’au jour où Dieu t’appellera à lui. C’est seulement à ce prix que tu gagneras ton salut éternel !

— Blanche, ce n’est pas de ton propre mouvement que tu es venue me torturer ainsi ! Quelqu’un t’a envoyée. Notre père probablement ! Oui, lui, toujours lui ! Après m’avoir fait tant de mal, ne peut-il donc me laisser mourir en paix ?

En jetant ce cri, la malheureuse, profondément troublée, cacha son visage entre ses mains et se mit à pleurer.

Alors, sa sœur, subitement émue, se pencha sur elle, avec un véritable élan d’affection ; mais dans ce mouvement, la croix de son ordre, qu’elle portait suspendue au cou par un long ruban, lui frappa directement les yeux, et la vue de cet emblème de l’humanité rachetée par la souffrance divine arrêta sans doute sur ses lèvres les paroles fraternelles et consolatrices qu’elle allait prononcer, car, redevenant l’impitoyable que la religion étroite avait faite, elle dit à Éva :

— Du courage, ma sœur. Ne nous en faut-il pas à tous pour gagner le ciel, où nous attendent notre mère et notre frère bien-aimés ?

— Oui, tu as raison ! murmura l’infortunée, de-