Page:René de Pont-Jest - Sang-Maudit.djvu/288

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ce nom qui demeure dans cette rue, j’en suis certaine.

Lorsque tu auras ce premier renseignement, tu guetteras ce Pergous, pour t’assurer si c’est bien le nôtre.

— Qu’en veux-tu faire ?

— Cela me regarde ; je te le dirai plus tard.

— Pourquoi ne pas aller chez lui sous n’importe quel prétexte ?

— Parce que je ne veux pas qu’il se doute de ma présence à Paris. Il serait même préférable qu’il ne te vît pas.

— Je ferai de mon mieux. Où es-tu descendue ?

— À l’hôtel du Louvre. Monte en voiture avec moi, tu me laisseras rue de Rivoli et viendras me retrouver après ta course. Tu demanderas la comtesse Iwacheff.

— C’est cela ! Il vaut mieux, du reste, que tu ne viennes pas souvent ici.

— Ah ! pourquoi ? Est-ce que tu as revu Manouret ?

— Non, et Dieu m’en garde ! mais j’ai reçu une visite peut-être plus désagréable encore.

— Laquelle donc ?

— Celle d’un homme que Cayenne aurait bien dû garder.

— Qui ça ?

— Pierre Méral.

— Pierre Méral ?

— Oui, mon frère et le tien. Il a fait son temps, à ce qu’il parait, et, quoique Paris lui soit interdit, il a osé y revenir. Je ne sais comment il a découvert mon adresse, mais son retour m’a déjà coûté gros. Je n’ai qu’un espoir, c’est que la police lui remettra la main dessus un de ces jours. Ça ne paraît pas t’émouvoir beaucoup ?

En effet, après avoir d’abord froncé le sourcil. Jeanne était devenue pensive.

— Que veux-tu que cela me fasse ? répondit-elle, Pierre ne me connaît pas et je suis certaine que tu ne lui donneras pas mon adresse. Mais, toi, sais-tu où le trouver ?

— Oui, il m’a laissé le nom du bouge où il se cache avec ses pareils, mais tu penses que je ne l’invite pas à venir me voir. C’est bien assez lorsqu’il arrive tout à coup. Pourquoi me demandes-tu cela ?

— Parce qu’un homme comme lui peut parfois être utile. Nous en reparlerons. Mets un chapeau et viens avec moi.

En quelques secondes, Françoise fut prête et prit place dans la voiture auprès de sa sœur, qu’elle quitta aux arcades de la rue de Rivoli. Elle poursuivit ensuite sa route pendant que Mme  de Ferney rentrait à l’hôtel du Louvre.