Page:René de Pont-Jest - Sang-Maudit.djvu/368

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le sportsman. Leur exclusion du club a même été mise en question. On ne les y tolère que parce qu’on ne peut articuler contre eux aucun grief précis.

M. de Serville était dans le vrai en supposant que MM. du Charmil et de Fressantel n’avaient rien fait pour décider leur ami à un arrangement. Ils lui avaient bien rapporté la visite et les propositions de MM. Gilbert et de Cerny, mais en ajoutant que, tout disposés qu’ils fussent à la conciliation, ils ne pouvaient la conseiller.

— Si vous acceptez les excuses de M. de Ferney, avait dit M. de Fressantel, on ne manquera pas de donner le beau rôle à votre adversaire. On parlera de sa générosité ; comme il a fait ses preuves, on ne suspectera pas son courage, et, qui sait ? peut-être doutera-t-on du vôtre.

Il n’en fallait pas tant pour exciter l’orgueil de Romuald, et c’était, pour ainsi dire, sous sa dictée que M. du Charmil avait écrit aux témoins de M. de Ferney le billet que nous venons de lire.

Désespérés, M. Dormeuil et M. de Serville décidèrent, avant de se quitter, que le lendemain matin, ils se trouveraient, eux aussi, au rendez-vous sur le pont de Bougival.

Pendant ce temps-là, MM. Gilbert et de Cerny retournaient auprès de M. de Ferney pour lui faire part de l’insuccès de leur démarche. Ils ne lui dissimulèrent pas qu’ils étaient convaincus que les témoins de M. de Platen n’avaient rien fait pour arranger l’affaire.

— À la grâce de Dieu, alors ! répondit tristement Raoul. Soyez certains, toutefois, que je me contenterai de me défendre et que mon adversaire ne court aucun danger.

Le lendemain matin, ses amis vinrent le prendre à cinq heures et demie.

M. Gilbert avait amené le chirurgien-major de son régiment.

Ces messieurs montèrent en landau. Trois quarts d’heure plus tard, ils mettaient pied à terre à la tête du pont de Bougival.

Presque au même instant, une seconde voiture s’arrêtait au même endroit. Les deux voyageurs qui l’occupaient en descendirent pour rejoindre Raoul, et ses amis.

Ces deux voyageurs était MM. Dormeuil et de Serville.

— Pardonne-nous, mon cher enfant, de te surprendre ainsi, dit l’avocat, mais Armand et moi tenions à t’accompagner. Ces messieurs voudront bien nous excuser également.

MM. Gilbert et de Cerny s’inclinèrent et Raoul répondit en tendant la main au vieil ami de son père :

— Je vous remercie, au contraire, de cette nouvelle preuve d’affection, mais je vous serai reconnaissant de rester un peu à l’écart, afin de ne pas éveiller les susceptibilités de M. de Platen et de ses témoins. Les voici, je crois.