toujours la maîtresse d’Armand. Ils se voient souvent et s’écrivent presque tous les jours. Ils me faut absolument quelques-unes de leurs lettres.
— Ça ne sera pas commode.
— Je le sais bien, et c’est pour cela que je viens vous trouver.
— Moi ! À quel titre voulez-vous que je m’introduise chez M. Pétrus ?
— Pas vous, mais un de vos amis, une de vos connaissances.
— Un de mes amis ! Tenez, mademoiselle Sarah, jouons cartes sur table : c’est ma sœur qui vous envoie. Si elle ne vous avait pas parlé de moi, vous n’auriez pas pensé à venir ici.
— Je vous jure…
— Ne jurez pas, ou rien de fait. Remontez en voiture et ne causons plus de votre projet.
En prononçant ces paroles d’un ton ferme, la Fismoise s’était levée et paraissait décidée à rompre l’entretien.
— Eh bien ! oui, c’est elle, répondit l’actrice, en forçant la brocanteuse à se rasseoir.
— Cette idée-là, reprit celle-ci, a dû être donnée à Jeanne par quelqu’un. Par qui ?
— Par le docteur Harris, un Américain.
— Le docteur Harris ? Attendez donc ; je connais ça, il me semble. Est-ce qu’il n’est pas le directeur de l’ambulance de La Tour-Maubourg, où je suis allée voir un de mes voisins, qui y avait été transporté blessé.
— Oui, c’est cela !
— Que diable le docteur Harris veut-il faire des lettres de Mme de Rennepont ?
— Il en est peut-être amoureux.
Cette explication était venue tout à coup à l’esprit de Sarah, et elle se disait à elle-même qu’il pouvait se faire que ce fût vrai. En effet, tout autre motif de nature à lui expliquer le désir de l’Américain lui échappait.
— Du reste, moi, ça m’est égal, reprit Françoise. On fera ce qu’on voudra des lettres de la générale… si on peut les avoir. Jeanne est donc à Paris ?
— Elle y est rentrée depuis huit jours, et m’a dit que vous connaîtriez peut-être quelqu’un d’habile qui se chargerait sans violence de… de se…
— De voler les lettres en question ; appelons les choses par leur nom. Qu’est-ce qu’il y aura pour ce quelqu’un-là ?
— Cinq cents francs d’abord et mille après.