portes de l’hôtel ce soir, dès que je serai sorti, même celle du jardin, car Paris devient dangereux.
— Diable ! cela ne fait pas mon affaire, murmura le neveu de la Fismoise en rentrant dans sa chambre. Oh ! nous verrons bien, Ce qu’il y a de plus clair, c’est qu’il n’y a pas un instant à perdre.
Mais Louis était plein de ressources, et il n’avait pas tardé, sans doute, à trouver le moyen de trancher la difficulté, car lorsque le vieux breton lui annonça ce que son maître avait décidé, il lui répondit gaiement :
— Ça va, mon oncle ! Alors nous appareillerons tous ensemble. Le temps de dire adieu aux amis, et, demain matin, hisse le grand foc !
Puis il sortit tranquillement, sous le prétexte d’aller du côté du ministère de la Marine, mais, tout naturellement, il s’était hâté de se diriger vers les Batignolles, où sa tante lui avait remis un petit paquet et ses instructions.
Peu d’instants après la visite de Mme de Rennepont et le départ de Louis, Armand sortit à son tour, afin de se rendre compte par lui-même de l’état des esprits, et aussi pour prendre chez son banquier l’argent qui lui était nécessaire.
Ce qu’il apprit là et chemin faisant l’eût décidé à quitter Paris, si les terreurs de celle qu’il aimait n’avaient pas été pour lui une raison plus que suffisante.
En effet, on ne rencontrait dans les rues que des gardes nationaux exaltés.
Le petit nombre des Parisiens qui voulaient résister n’avaient pas de centre de réunion ; ils manquaient surtout de chefs assez énergiques pour se mettre à leur tête.
Se sentant abandonnés ou à peu près, à leurs propres moyens par le gouvernement, ils ne pouvaient que faire projets sur projets, sans s’arrêter à rien d’utile ni de définitif.
Quelques citoyens dévoués s’efforçaient bien, en vue des événements qu’ils pressentaient, d’organiser, à la mairie Drouot, à la Bourse, à la Banque, des espèces de comités de résistance ; mais on répondait à peine à leur appel. Chaque jour, au contraire, on constatait la désertion aussi sotte que lâche de ceux-là qui avaient le plus grand intérêt au maintien de l’ordre.
M. de Serville rentra chez lui désespéré, honteux, en se promettant bien de revenir dès qu’il aurait mis Mme de Rennepont en sûreté : la lutte contre le désordre ne lui semblait pas moins un devoir que la lutte contre l’étranger.
En arrivant rue d’Assas, il trouva Kervan qui préparait sa malle. Peu d’instants après, le jeune matelot revint à son tour.
Sa feuille de route était visée, disait-il, et il annonça au peintre, en le remerciant de son hospitalité, dont il voulait garder le souvenir toute sa vie, qu’il partirait le lendemain matin pour la Bretagne, par le premier train.
Les choses ainsi convenues, Armand s’enferma dans sa chambre pour ranger quelques papiers ; puis, après son dîner, il dit à son domestique de ne pas l’attendre, car il n’avait pas l’intention de rentrer avant onze heures ou minuit. Il lui rappela,