Voici ce que Sarah lui écrivait :
- « Mon cher ami,
« Après votre sottise de cette nuit, le mieux que vous ayez à faire, c’est de vous marier.
« Votre tante est toujours à Paris, et comme elle doit avoir besoin de vous, grâce aux événements difficiles qui menacent, elle vous reverra certainement avec plaisir.
« Je vous envoie, en même temps que ce conseil, un garçon que je vous recommande fort.
« Vous n’avez plus de valet de chambre, il vous en servira. Il est adroit, intelligent, propre à tout.
« M. Armand de Serville, dans l’horrible attentat dont il a été victime cette nuit, n’a reçu qu’une blessure sans gravité. Le docteur Harris répond de sa guérison.
« Toujours bien à vous.
— Alors c’est Mme Bernier qui vous envoie ? demanda le baron à Louis, après quelques instants de silence, car cette lettre de sa maîtresse ne lui semblait pas compréhensible en tous points.
— Oui, monsieur, répondit le chenapan ; je serais heureux d’entrer au service de monsieur.
— Il n’y a qu’une difficulté, c’est que je n’ai plus de maison montée, et…
— Et que monsieur est ruiné ! je le sais.
— Tu dis ?
— Je dis que monsieur est ruiné, mais ça m’est égal. Monsieur redeviendra riche, j’en suis certain. Quand monsieur aura épousé sa tante, il me paiera mes gages.
— Ah çà ! mon gaillard, tu me parais bien au courant de mes affaires. Mme Sarah t’a fait des confidences.
— Elle ne m’a rien dit du tout ; mais il y a longtemps que je connais monsieur.
— Vraiment !
— J’ai eu l’honneur de faire la traversée avec monsieur de Douvres à Calais, et j’ai compris quel chagrin il avait dû éprouver en retrouvant sa tante mère d’une petite fille qui devenait l’héritière du général de Fressantel. C’est ce qui m’a décidé à accepter tout de suite, lorsque Mme Bernier a offert à ma bonne tante Fismoise de me placer chez monsieur.
— Ah ! tu es le neveu de la Fismoise ?