Page:René de Pont-Jest - Sang-Maudit.djvu/554

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— Pincé ! gronda Louis, en reculant jusqu’au fond du boudoir ; pris au piège comme un imbécile !

— Ces lettres, vous allez me les rendre ou me dire ce qu’elles sont devenues. Pas de mensonge ou d’hésitation, ou vous êtes mort ! Philidor, vous savez ce que vous avez à faire.

Le brave clerc, car c’était lui qui jouait le second rôle dans cette scène étrange, s’approcha du jeune homme et lui mit son revolver près de la poitrine.

D’une horrible pâleur, le misérable tremblait. Comprenant que cette femme serait impitoyable, qu’elle n’avait qu’un geste à faire, il se sentait perdu.

— Mais, madame, balbutia-t-il, je n’ai plus ces lettres ; je les ai remises à la personne qui m’avait ordonné de les prendre.

— Quelle est cette personne ?

— La comtesse Iwacheff.

— La comtesse n’avait que faire de cette correspondance. Cette infamie lui a été commandée par quelqu’un. Qui est-ce ?

— Le docteur Harris, je crois, qui doit avoir les lettres.

— Savez-vous ce qu’il en a fait ?

— Je l’ignore.

— Et cet homme qui a tenté d’assassiner M. de Serville, où est-il ? Où peut-on le trouver ?

— Je ne sais pas, et je vous jure que je ne suis pour rien dans ce meurtre. J’avais même dit à la Fismoise de ne pas parler de l’affaire à Pierre, car je craignais ce qui est arrivé.

— La Fismoise ? Qui est-ce ?

— Ma tante, la sœur de Pierre.

— Alors on pourrait peut-être trouver son frère chez elle, ou du moins apprendre d’elle où il est en ce moment ?

Pour la courageuse amie de Mme de Rennepont, ce Pierre était évidemment l’homme dont parlait le billet du docteur Harris trouvé par Kervan. S’il n’était pas encore parti avec les lettres volées, tout espoir n’était pas perdu.

— Madame, répondit Louis, j’arrive de chez ma tante ; elle croit que Pierre ira chez elle ce soir, avant de partir pour Versailles.

Marie ne pouvait plus conserver aucun doute ; il fallait à tout prix empêcher l’assassin de quitter Paris.

— Vous n’avez gardé aucune des lettres de M. de Serville ?

— Aucune.