Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/128

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sait qu’en s’engageant dans tel sentier, il sera dévoré par un tigre ; il y va et se laisse dévorer. Cela a sa beauté, et représente fort bien ce que serait le monde sans l’amour de soi. Car c’est l’amour de soi qui fait appeler mal ce qu’on juge contraire à son propre bien. Dans le système de la grande quiétude, on dirait : Que chaque chose suive sa voie et que l’univers se réalise !

En somme, tout se réduit à savoir si l’on se place au point de vue de l’individu, de l’opposé, du divers ou au point de vue du tout et de l’unité. Au premier point de vue, il y a lieu à partialité, à guerre, à colère, à morale ; au second, il n’y a plus que la paix. Ceci est plus élevé et plus

    fection, mais qu’il jugeait susceptibles par leur erreur même d’ouvrir des vues nouvelles et de faire réfléchir.