Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/145

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diques qui n’ont jamais fait épidémie. L’activité est trop puissante chez nous pour que nous fassions jamais consister la perfection dans le nirvana, c’est-à-dire dans la négation même de la vie.

» Je suis trop critique pour m’arrêter à une doctrine que je vois bien n’avoir chez nous aucune racine. Si je voulais, croyez-le bien, je serais d’un parti, je trancherais, je déciderais, je raisonnerais sur les oppositions, j’aurais ma théorie philosophique et esthétique, je prendrais la vie comme une partie à gagner. Mais, franchement, je n’en ai pas le courage. Car je vois trop bien que cette théorie serait partielle comme toutes les autres. Là est le côté faible de ma nature : une disposition native, fatalement secondée par mon éducation première et par les circonstances qui