Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/153

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tique chrétienne ; voilà les idées qui nous ont perdus. Maintenant je comprends à merveille que le beau n’est que dans le simple, dans le naturel, dans le vulgaire ennobli ; j’ai fait justice de ce prétendu attirail de finesse et de profondeur, au moyen duquel on arrive à prouver que le laid, c’est le beau, que la pâle et hystérique sainte Thérèse est plus belle que Sapho. À cette étrange doctrine qui a bouleversé toutes nos idées sur le beau et le bien, je préfère la droiture antique ; à cette paradoxale théorie : Heureux ceux qui pleurent ! Heureux ceux qui ont faim ! Heureux ceux qui se privent ! je préfère la prière de Solon :

« Charmants enfants de Mnémosyne et de Jupiter Olympien, muses qui habitez le Piérion, écoutez ma prière !

» Obtenez-moi des dieux le bonheur et