Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/155

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nuance qu’on entrevoit sans raisonnement par l’instinctive finesse de sa nature, mais où l’on ne peut se maintenir. La mesure d’ailleurs paraît froide et insipide à la longue ; on se fatigue de la proportion et du bon goût : on en vient à préférer l’étrange, l’anormal. Les types parfaitement purs ne suffisent plus ; une femme maladive et pâle plaît plus alors que la forme idéale ; une femme voilée et cloîtrée plaît plus que la Vénus classique ; la beauté simple et superficielle ne suffit plus : il faut du quintessencié, de l’arrière-pensée, et on appelle cela de l’idéal.

Il faut être juste ; ce n’est de la faute de personne quand cela arrive. Cela arrive, parce qu’en effet la mesure et la proportion, ne représentant que le fini, peuvent contenter la nature humaine, dès qu’elle reste dans de justes et étroites limites,