Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/38

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tence du sentiment religieux, ce repos complet, cette abstraction d’une moitié du genre humain doit offrir un spectacle unique, inappréciable pour le critique. Eh bien ! Rome est, j’imagine, à beaucoup d’égards, un plus curieux sujet d’études pour celui qui expérimente les manifestations religieuses de l’humanité. Rome est par excellence la ville centre d’une religion, la ville dévouée à la manifestation d’une idée religieuse.

Les premiers instants que j’ai vécu sur cette terre, je les ai passés sous l’empire d’une réaction très vive. J’étais Français encore, je critiquais, je m’indignais. Ces croix partout dominatrices, ces armes papales, ces moines mendiants et dégradés, ces troupeaux de prêtres, ces clercs à l’habit demi-laïque, aux manières déliées, cette population pâle, souffreteuse, portant sur