Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/41

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elles qu’un son vague ; elles ne prient pas, car ce mot désigne un acte ; elles sentent, elles aspirent. Telle est la vie de ce pays : le ressort de l’action s’use, on reçoit tant du dehors, qu’on se dégoûte de réagir. On ne pense pas ; car penser, c’est agir par l’intelligence ; on sent.

Voilà pourquoi la vie italienne est si peu tourmentée. Un Romain me questionnait hier sur les affaires de France ; et comme je lui disais quelques mots de nos idées de réforme rationnelle de la société, ce brave homme joignait les mains et s’écriait : Che pazzia ! che pazzia ! Quelle folie, n’est-ce pas, quand on a un beau soleil au-dessus de sa tête et une terre qui vous nourrit sans travail, de se fatiguer pour la gloire, pour la patrie, pour l’honneur, pour la raison ! Voilà tout le système de la vie italienne.