Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/49

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pensée révolutionnaire ou incrédule, jouant avec ses cérémonies, ses cardinaux, ses indulgences, ses chapelles coquettes, ses grandes dames dévotes, ses confréries, ses moines mendiants, faisant des parties de dévotion comme ailleurs on fait des parties de plaisir. La station règle la promenade ; on s’amuse entre deux exercices de piété ; le cours des plaisirs et des habitudes est enchaîné à celui des fêtes ; il y a des divertissements et des fêtes qui n’apparaissent que durant telle octave[1].

  1. Cette habitude d’échelonner ses plaisirs selon les époques de l’année religieuse est un des traits de la vie provinciale, trait qui va de plus en plus disparaissant sous le niveau logique de l’esprit moderne. Combien notre caractère est moins original que celui du moyen âge, que celui de Rome ou de Venise ! Que dire des fêtes de Noël, des Rois, qui ont disparu ! En Bretagne, il y a des jeux d’enfants pour chaque saison, et sans que personne donne le signal, à un moment donné, le jeu qui semblait oublié depuis un an reparaît. Vers la fin du carême, les rues et les places de Rome se couvrent de tentes faites de