Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/56

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moments fugitifs, à Latran, à l’Ara Cœli, j’ai cru par une douce illusion me retrouver à cette époque plus heureuse, dont un abîme me sépare. Oui, si Rome apprend quelque chose, c’est à juger les faits en dehors des hommes et à tout respecter dans la majesté du passé. Si Rome inspire un regret, c’est de ne pouvoir s’agenouiller avec les simples devant ces touchantes Madones, dans ces églises où l’on aime à s’attarder. J’ai cru longtemps que je reviendrais au catholicisme, la tête haute, et par la voie de la critique. Hélas ! j’y reviendrai peut-être humble comme une petite fille, vaincu par une Madone. Autrefois, je maudissais la souffrance parce qu’en affaiblissant notre fierté rationaliste, elle fait oublier la critique ; maintenant, je la bénis, car, adoucissant l’âcreté de nos humeurs, elle nous