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Le temps est venu où le christianisme doit cesser d’être un dogme pour devenir une poétique. Le paganisme avait cessé depuis des siècles d’obtenir la foi des esprits éclairés, qu’il fournissait encore des images et de la poésie aux représentants les plus élevés du rationalisme d’alors et que Proclus écrivait des hymnes à Vénus. De même, le christianisme restera notre mythologie et notre topique poétique, alors qu’il ne sera plus notre règle de foi. Cela est si vrai que, quand nous voulons revenir un instant à la poésie, à l’image, au symbole, nous sommes obligés de redevenir chrétiens par fiction. Notre mythologie, c’est le christianisme[1]. La

  1. C’est surtout à Pise que l’on comprend bien cette façon de prendre la religion comme un thème artistique, sans aucune vue dogmatique. La religion n’est évidemment qu’un prétexte au