Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/69

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part plus poétique. Il est donc radicalement impossible de détruire la religion, puisqu’elle tient à l’essence même des facultés humaines, surtout chez les femmes. Une femme qui n’est pas religieuse n’est pas femme. Il lui est aussi essentiel d’avoir des moments de dévotion que de remplir toute autre fonction de sa nature : l’un et l’autre est physiologique[1]. Cessons une fois pour toutes de rabaisser certaines parties de la nature humaine, sous prétexte qu’elles tiennent à l’organisme et qu’elles relèvent des parties appelées inférieures. Tout est également noble dans la nature humaine ; tout relève de la matière, non pas de cette matière vile et méprisable que les vieux spiritualistes opposaient à l’esprit, mais de cette matière sublime, divine, qui est la

  1. Le texte du manuscrit est ici légèrement différent (N. des éd.).