Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/97

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instincts, et la pauvrette se laissa séduire. Elle accepta sa chaîne de si plein cœur qu’il serait plus juste de dire qu’elle se la donna. Quand on étudie de près cette curieuse réaction, on trouve que le peuple et les laïques y eurent plus de part encore que le clergé. L’Italie offre même cela de remarquable que le peuple y est plus superstitieux que les prêtres, et que le rôle de ceux-ci se borne souvent à interdire des pratiques trop grossières ou trop immorales. C’est le peuple qui a fait des églises de tous les temples anciens, qui a collé une mauvaise Madone dans le temple de Vesta, mis deux ou trois chandeliers à l’entour, et un ermite mendiant à la porte pour demander l’aumône. C’est le peuple qui a planté une croix au milieu du Colisée, et qui, tous les jours en passant, s’agenouille pour la baiser. C’est