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nelles, les assistants avaient entendu la prédication apostolique chacun dans sa propre langue, en d’autres termes que la parole apostolique se traduisait d’elle-même à chacun des assistants[1]. D’autres fois, cela se concevait d’une manière un peu différente. On prêtait aux apôtres le don de savoir, par infusion divine, tous les idiomes et de les parler à volonté[2].

Il y avait en cela une pensée libérale ; on voulait dire que l’Évangile n’a pas de langue à lui, qu’il est traduisible en tous les idiomes, et que la traduction vaut l’original. Tel n’était pas le sentiment du judaïsme orthodoxe. L’hébreu était pour le juif de Jérusalem la « langue sainte » ; aucun idiome ne pouvait lui être comparé. Les traductions de la Bible étaient peu estimées ; tandis que le texte hébreu était gardé scrupuleusement, on se permettait dans les traductions des changements, des adoucissements. Les juifs d’Égypte et les hellénistes de Palestine pratiquaient, il est vrai, un système plus tolérant ; ils employaient le grec dans la prière[3], et lisaient habi-

  1. Act., ii, 5 et suiv. C’est le sens le plus probable du récit, quoiqu’il puisse signifier aussi que chacun des idiomes était parlé séparément par chacun des prédicants.
  2. Act., ii, 4. Comp. I Cor. xii, 10, 28 ; xiv, 21-22. Pour des imaginations analogues, voir Calmeil, De la folie, I, p. 9, 262 ; II, p. 357 et suiv.
  3. Talmud de Jerusalem, Sota, 21, b.