Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/148

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cœur et qu’une âme[1]. Personne ne possédait rien qui lui fût propre. En se faisant disciple de Jésus, on vendait ses biens et on faisait don du prix à la société. Les chefs de la société distribuaient ensuite le bien commun à chacun selon ses besoins. Ils habitaient un seul quartier[2]. Ils prenaient leurs repas ensemble, et continuaient d’y attacher le sens mystique que Jésus avait prescrit[3]. De longues heures se passaient en prières. Ces prières étaient quelquefois improvisées à haute voix, plus souvent méditées en silence. Les extases étaient fréquentes, et chacun se croyait sans cesse favorisé de l’inspiration divine. La concorde était parfaite ; nulle querelle dogmatique, nulle dispute de préséance. Le souvenir tendre de Jésus effaçait toutes les dissensions. La joie était dans tous les cœurs, vive et profonde[4]. La morale était austère, mais pénétrée d’un sentiment doux et tendre. On se groupait par maisons pour prier et se livrer aux exercices extatiques[5]. Le souvenir de ces deux ou trois premières

  1. Act., ii, 42-47 ; iv, 32-37 ; v, 1-11 ; vi, 1 et suiv.
  2. Ibid., ii, 44, 46, 47.
  3. Ibid., ii, 46 ; xx, 7, 11.
  4. Jamais littérature ne répéta si souvent le mot « joie » que celle du Nouveau Testament. Voir I Thess., i, 6 ; v, 16 ; Rom., xiv, 17 ; xv, 13 ; Galat., v, 22 ; Philip., i, 25 ; iii, 1 ; iv, 4 ; I Joan., i, 4, etc.
  5. Act., xii, 12.