Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/154

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voir, et de bonne heure le bruit se répandit que Jésus avait dit : « Chaque fois que vous romprez le pain, faites-le en mémoire de moi[1]. » Le pain lui-même devint en quelque sorte Jésus, conçu comme source unique de force pour ceux qui l’avaient aimé et qui vivaient encore de lui. Ces repas, qui furent toujours le symbole principal du christianisme et l’âme de ses mystères[2], avaient d’abord lieu tous les soirs. Mais bientôt l’usage les restreignit au dimanche[3] soir[4]. Plus tard, le repas mystique fut transporté au matin[5]. Il est probable qu’au moment de l’histoire où nous sommes arrivés, le jour férié de chaque semaine était encore, pour les chrétiens, le samedi[6].

Les apôtres choisis par Jésus et qu’on supposait avoir reçu de lui un mandat spécial pour annoncer au monde le royaume de Dieu, avaient, dans la petite communauté, une supériorité incontestée. Un des premiers soins, dès que la secte se vit assise tranquillement à Jérusalem, fut de combler le vide que Juda

  1. Luc, xxii, 19 ; I Cor., xi, 24 et suiv. ; Justin, loc. cit.
  2. En l’an 57, l’eucharistie est déjà une institution pleine d’abus (I Cor., xi, 17 et suiv.), et, par conséquent, vieille.
  3. Act., xx, 7 ; Pline, Epist., X, 97 ; Justin, Apol. I, 67.
  4. Act., xx, 7, 11.
  5. Pline. Epist., X, 97.
  6. Jean, xx, 26, ne suffit pas pour prouver le contraire. Les ébionites gardèrent toujours le sabbat. Saint Jérôme, In Matth., xii, init.