Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

temporaires. Par là s’explique l’obscurité où restèrent la plupart des membres du conseil central. Très-peu d’entre eux eurent un rôle. Ce fut une sorte de sacré collège ou de sénat[1], uniquement destiné à représenter la tradition et l’esprit conservateur. On finit par les décharger de toute fonction active, de sorte qu’il ne leur resta qu’à prêcher et à prier[2] ; encore les rôles brillants de la prédication ne leur échurent-ils pas. On savait à peine leurs noms hors de Jérusalem, et, vers l’an 70 ou 80, les listes qu’on donnait de ces douze élus primitifs n’étaient d’accord que sur les noms principaux[3].

Les « frères du Seigneur » paraissent souvent à côté des « apôtres », quoiqu’ils en fussent distincts[4]. Leur autorité était au moins égale à celle des apôtres. Ces deux groupes constituaient, dans l’Église naissante, une sorte d’aristocratie fondée uniquement sur les rapports plus ou moins intimes que leurs membres avaient eus avec le maître. C’étaient là les hommes que Paul appelait « les colonnes[5] » de l’Église de Jérusalem. On voit, du reste, que les

  1. Gal., i, 17-19.
  2. Act., vi, 4.
  3. Comparez Matth., x, 2-4 ; Marc, iii, 16-19 ; Luc, vi, 14-16, Act., i, 13.
  4. Act., i, 14 ; Gal., i, 19 ; I Cor., ix, 5.
  5. Gal., ii, 9.