Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/158

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distinctions de la hiérarchie ecclésiastique n’existaient pas encore. Le titre n’était rien ; l’importance personnelle était tout. Le principe du célibat ecclésiastique était bien déjà posé[1] ; mais il fallait du temps pour amener tous ces germes à leur complet développement. Pierre et Philippe étaient mariés, avaient des fils et des filles[2].

Le terme pour désigner la réunion des fidèles était l’hébreu kahal, qu’on rendit par le mot essentiellement démocratique ἐκκλησία. Ecclesia, c’est la convocation du peuple dans les vieilles cités grecques, l’appel au Pnyx ou à l’agora. À partir du iie ou du iiie siècle avant J.-C, les mots de la démocratie athénienne devinrent en quelque sorte de droit commun dans la langue hellénique ; plusieurs de ces termes[3], par suite de l’usage qu’en firent les confréries grecques, entrèrent dans la langue chrétienne. C’était, en effet, la vie populaire, restreinte depuis des siècles, qui reprenait son cours sous des formes tout à fait différentes. L’Église primitive est une petite démocratie à sa manière. Il n’est pas jusqu’à l’élection par le sort,

  1. Voir Vie de Jésus, p. 307.
  2. Voir Vie de Jésus, p. 150. Cf. Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39 ; Polycrate, ibid., V, 24 ; Clément d’Alex., Strom., III, 6 ; VII, 11.
  3. Par exemple, ἐπίσκοπος, peut-être κλῆρος. V. Wescher, dans la Revue archéol., avril 1866, et ci-dessous, p. 352-333.