Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/166

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sages de la Bible, détournés de leur sens naturel et pris comme de simples ornements de rhétorique sacrée.

Jésus, avec son tact exquis des choses religieuses, n’avait institué aucun rituel nouveau. La nouvelle secte n’avait pas encore de cérémonies spéciales[1]. Les pratiques de piété étaient les pratiques juives. Les réunions n’avaient rien de liturgique dans le sens précis ; c’étaient des séances de confréries, où l’on se livrait à la prière, aux exercices de glossolalie, de prophétie[2], et à la lecture de la correspondance. Rien encore de sacerdotal. Il n’y a pas de prêtre (cohen ou ἱερεύς) ; le presbyteros est « l’ancien » de la communauté, rien de plus. Le seul prêtre est Jésus[3] ; en un autre sens, tous les fidèles le sont[4]. Le jeûne était considéré comme une pratique très-méritoire[5]. Le baptême était le signe d’entrée dans la secte[6]. Le rite était le même que pour celui de Jean, mais on l’administrait au nom de Jésus[7]. Le baptême toutefois était considéré comme une initiation insuffisante.

  1. Jac., i, 26-27.
  2. Plus tard, cela s’appela λειτουργεῖν. Act., xiii, 2.
  3. Hebr., v, 6 ; vi, 20 ; viii, 4 ; x, 11.
  4. Apoc., i, 6 ; v, 10 ; xx, 6.
  5. Act., xiii, 2 ; Luc, ii, 37.
  6. Rom., vi, 4 et suiv.
  7. Act., viii, 12, 16 ; x, 48.