Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tique du grec[1], et arrivèrent même à s’en servir de préférence au syro-chaldaïque, quand les fidèles parlant grec furent de beaucoup les plus nombreux. Le dialecte palestinien devait être abandonné, du jour où l’on songeait à une propagande s’étendant au loin. Un patois provincial, qu’on écrivait à peine[2], et qu’on ne parlait pas hors de la Syrie, était aussi peu propre que possible à un tel objet. Le grec, au contraire, fut en quelque sorte imposé au christianisme. C’était la langue universelle du moment, au moins pour le bassin oriental de la Méditerranée. C’était, en particulier, la langue des Juifs dispersés dans tout l’empire romain. Alors, comme de nos jours, les Juifs adoptaient avec une grande facilité les idiomes des pays qu’ils habitaient. Ils ne se piquaient pas de purisme, et c’est là ce qui fait que le grec du christianisme primitif est si mauvais. Les Juifs, même les plus instruits, prononçaient mal la langue classique[3]. Leur phrase était toujours calquée sur le syriaque ; ils ne se débarrassèrent jamais

  1. L’épître de saint Jacques est écrite en un grec assez pur. Il est vrai que l’authenticité de cette épitre n’est pas certaine.
  2. Les savants écrivaient dans l’ancien hébreu, un peu altéré. Des morceaux comme celui qu’on lit dans le Talmud de Babylone, Kidduschin, fol. 66 a, peuvent avoir été écrits vers ce temps.
  3. Jos., Ant., dernier paragraphe.