Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/219

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et les prosélytes, dont les libres allures exaspéraient les orthodoxes. L’Église de Jérusalem, déjà si fortement organisée, fut obligée de se disperser. Les apôtres, selon un principe qui paraît avoir été fortement arrêté dans leur esprit[1], ne quittèrent pas la ville. Il en fut probablement ainsi de tout le groupe purement juif, de ceux qu’on appelait les « hébreux »[2]. Mais la grande communauté, avec ses repas en commun, ses services de diacres, ses exercices variés, cessa dès lors, et ne se reforma plus sur son premier modèle. Elle avait duré trois ou quatre ans. Ce fut pour le christianisme naissant une bonne fortune sans égale que ses premiers essais d’association, essentiellement communistes, aient été sitôt brisés. Les essais de ce genre engendrent des abus si choquants, que les établissements communistes sont condamnés à crouler en très-peu de temps[3], ou à méconnaître bien vite le principe qui les a créés[4]. Grâce à la persécution de l’an 37, l’Église cénobitique de Jérusalem fut délivrée de l’épreuve du temps. Elle tomba en sa

  1. Comparez Act., i, 4 ; viii, 1, 14 ; Gal., i, 17 et suiv.
  2. Act., ix, 26-30, prouve, en effet, que, dans la pensée de l’auteur, les expressions de viii, 1, n’avaient pas un sens aussi absolu qu’on pourrait le croire.
  3. C’est ce qui arriva pour les esséniens.
  4. C’est ce qui arriva pour les franciscains.